Vous avez couru en Formule 1, en Nascar, en Rallycross et en Formula E (il en est d’ailleurs le champion en titre). Quel est votre regard sur le Championnat du Monde d’Endurance ?
« Je pense que c’est un bon championnat qui est en train de grandir. Il faut juste que ses dirigeants fassent attention à la crise économique. Les choses doivent être plus faciles pour les plus petites équipes et on doit faire en sorte que les plus grosses arrêtent de dépenser de l’argent. Je ne m’attends pas à ce que Rebellion Racing se batte avec Audi, cela ne serait pas juste car les constructeurs dépensent bien plus d’argent que nous mais nous avons besoin de plus de voitures, de plus de compétition. Il n’y a que six LM P1 Hybrides, j’aimerais en voir 10 ou 12. Il est vrai que tout le monde souffre, c’est sûr, comme la Formule 1. Du coté de l’endurance, pour ce qui est des médias, des réseaux sociaux, ils font les choses bien. Ils essaient d’être le plus professionnels possibles. Cependant, ils veulent se comparer à la Formule 1 qui est au dessus mais il ne faut pas oublier que la F1 n’est pas la meilleure dans tout. Je pense que beaucoup de pilotes roulant ici (en Championnat du Monde d’Endurance, ndlr) sont certainement meilleurs que certains en F1. Bien sûr, vous avez les Vettel, Hamilton ou encore Alonso mais quand on regarde la deuxième moitié de grille, certains pilotes WEC n’auraient pas à rougir d’y être. Le souci est l’argent qu’il faut apporter. Le Championnat du Monde d’Endurance doit garder en tête qu’il faut suivre son chemin tout seul sans vouloir copier. J’arrive d’un continent où tout est gigantesque, que ce soit le basketball, la Nascar ou encore le football américain. Ce que font les américains de mieux c’est ce qu’on appelle l’«entertainment » (le divertissement). Même si le Championnat du Monde d’Endurance est probablement l’une des meilleures séries, il existe toujours un écart entre elle et le Nascar. Le Championnat du Monde d’Endurance est vraiment bien et je serais heureux d’y rester un peu plus longtemps. Tout le monde est détendu et amical dans l’équipe, c’est juste l’environnement parfait pour moi. »
Vous n’avez fait qu’une seule fois les 24 Heures du Mans en 2006 (au volant d’une Aston Martin DBR9 Team Modena avec Antonio Garcia et David Brabham, 4e en GT1). Que gardez vous en tête de cette expérience ?
« Pour moi cette course du Mans a été folle. Il s’agissait de ma première fois dans une GT. J’avais juste 20 ans, je n’avais fait que de la Formule 3 et quelques courses de GP2. Ce fut le même niveau de stress que lorsque j’ai piloté une F1 pour la première fois. Je me suis dit « C’est quoi cet endroit !? » A l’époque, il n’y avait pas de simulateur, j’ai donc du apprendre le circuit par moi-même. J’en garde un super souvenir, je me suis beaucoup amusé. Nous terminons 4e en GT1. Ce fut une expérience dure mais incroyable. Cette année, ce sera dix fois plus facile pour moi. J’ai piloté tellement de voitures différentes. A l’époque, j’étais si jeune, sans aucune expérience, sans aucun bagage technique. C’est année, ce sera du gâteau à coté (sourire) »
Quel sera votre objectif aux 24 Heures du Mans cette année ?
« Nous allons essayer de gagner. Il n’y a pas beaucoup de voitures dans notre catégorie (en Trophée Endurance FIA des Equipes Privées LM P1, il y a trois autos au total, deux R-One Rebellion Racing et une CLM P1/01, ndlr). Nous nous sommes engagés pour gagner. Nous ferons de notre mieux pour montrer tout notre potentiel. »
En 1996 votre père débutait au Mans. Dix ans plus tard, c’était vous. En 2016, Vous êtes de retour…
« Quelle coïncidence, je ne savais pas. J’espère que dans quelques années je courrais avec mon frère, ca serait incroyable. Il est encore jeune (Pedro Piquet a 17 ans, il court actuellement en Championnat d’Europe F3, ndlr) mais dans dix ans, il aura suffisamment d’expérience, je pense. Ca serait génial… »
Qu’en est-il de votre futur ?
« Je n’avais pas prévu de courir en Formula E l’an dernier. Pourtant, je l’ai fait et je suis devenu champion. L’Endurance et Le Mans n’étaient réellement prévus non plus, j’ai reçu un coup de fil et je suis là. Je suis focalisé sur la Formula E parce que c’est un contrat de plusieurs années. Tant qu’il y aura des dates de libres dans le calendrier, je ferai autant de courses que possible. »
David Bristol / Jean Michel Desnoues ACO
PHOTO : STAVELOT (PROVINCE DE LIEGE, BELGIQUE), CIRCUIT DE SPA-FRANCORCHAMPS, FIA WEC, 6 HEURES DE SPA-FRANCORCHAMPS WEC, SAMEDI 7 MAI 2016, SESSION AUTOGRPAHES. Nelson Piquet Junior, à gauche, en compagnie de son coéquipier, Nicolas Prost.