Sarah Bovy (Iron Dames) : « Le Mans est un défi incroyable »
Membre de l’équipage féminin des Iron Dames aux côtés de Rahel Frey et Michelle Gatting, la Belge Sarah Bovy a connu une ascension rapide dans la pyramide de l’endurance. En moins d’un an, elle est ainsi passée de la Michelin Le Mans Cup au Championnat du monde d’Endurance FIA, avec aussi l’European Le Mans Series (ELMS) et en point d’orgue sa première participation aux 24 Heures du Mans.
La Belgique et les 24 Heures du Mans, c’est une longue et belle histoire… Une histoire de record, notamment. Quarante-trois années durant, deux pilotes belges se sont succédés en tant que recordmen des victoires : Olivier Gendebien de 1962 à 1980, puis Jacky Ickx de 1981 à 2005, sans oublier la victoire de Lucien Bianchi en 1968. Cet héritage d’exception s’est également enrichi au féminin pendant les années 1970, avec Christine Beckers et Yvette Fontaine (respectivement quatre et deux participations aux 24 Heures). « La Belgique est un pays petit par la taille grand pays dans d’autres disciplines sportives, au niveau culturel aussi… Et je suis très fière d’apporter ma petite pierre à cet édifice en sport automobile, indique Sarah Bovy. C’est une grande inspiration pour moi de voir que depuis des années, les pilotes belges se hissent au plus haut niveau du sport automobile, et je suis très contente d’en profiter aussi. Je connais bien Jacky Ickx, son épouse et sa fille Vanina. A Sebring, Jacky était Grand Marshal pour la manche d’ouverture du Championnat du monde d’Endurance FIA 2022. Il est venu faire une photo avec nous, ce qui nous a fait énormément plaisir. De toute évidence, Jacky est la personnalité belge la plus connue en endurance et en sport automobile et c’est formidable de voir quelqu’un comme lui venir nous soutenir au départ d’une course. »
"J'ai rapidement réalisé que les courses de 24 heures étaient celles qui me passionnaient le plus."
Sarah Bovy
L’autre lien entre Sarthe et Belgique, c’est Spa-Francorchamps, circuit de légende devenu rendez-vous préparatoire incontournable en vue des 24 Heures du Mans. Et pour Sarah Bovy, la passion Le Mans a précisément commencé du côté des Ardennes belges : « Au départ, je suis passionnée par les 24 Heures de Spa, c’est la première course d’endurance de longue haleine que je suis allée voir alors que j’étais encore adolescente et que je commençais à peine le karting. J’ai rapidement réalisé que les courses de 24 heures étaient celles qui me passionnaient le plus : j’adore le côté dépassement de soi, la stratégie… Je pense que ce sont les courses qui demandent le plus aux pilotes, aux équipes et aux voitures. Je me souviens des grandes années d’Audi avec Tom Kristensen… J’ai grandi avec tout cela à la télévision, jusqu’à ce que je vienne pour la première fois au Mans en 2009. Je me suis assise dans les gradins et je me suis dit qu’il fallait absolument que je fasse cette course un jour. En 2018 et 2019, je suis venue en tant que consultante pour Total Racing, qui était l’un des partenaires principaux de l’événement. Je faisais des vidéos pour leurs réseaux sociaux, ce que j’avais adoré car on voyait les coulisses des 24 Heures. J’ai ainsi vécu de cette manière les 24 Heures de l’intérieur et c’était d’autant plus émouvant pour moi d’y participer, car j’en avais rêvé pendant très longtemps. »
Arnaud CORNILLEAU (ACO)
Au début de l’année dernière, Sarah Bovy rejoint les Iron Dames et le rêve du Mans se concrétise en août 2021. « Lors de la Journée Test, pour les premiers essais officiels sur le circuit avec la voiture, je me suis dit que j’allais faire un tour pour moi, sourit-elle. Un tour où je profite, où je regarde un peu à droite et à gauche, où je prends le temps de me dire : ‘voilà, Sarah, tu es sur le circuit des 24 Heures du Mans, tu es engagée officiellement, un tour pour kiffer, en somme ! Après ça, on a commencé à travailler, à retarder les freinages et à descendre les chronos. » Paradoxalement, l’ambiance singulière et l’agenda serré d’une semaine entre Journée Test et course, nés de la situation sanitaire, semblent avoir facilité le travail de concentration de Sarah Bovy sur la course. « Dans un sens, mes premières 24 Heures ont été assez calmes, car l’an dernier il n’y avait ni le Pesage ni la Parade des pilotes en ville, ce qui nous a vraiment donné le temps, avec les ingénieurs, de prendre les choses étape par étape, analyse la pilote belge. Pour moi, qui débutais aux 24 Heures, c’était une très bonne chose, car ça m’a permis d’arriver au départ avec un peu plus d’énergie et peut-être un peu moins de pression. Cette année, nous devrions avoir le programme traditionnel de la semaine complète des 24 Heures et si ça se confirme, j’en serai très heureuse, car je fais du sport automobile en tant que passionnée et j’ai moi-même fait partie des spectateurs des 24 Heures. »
"Lors de la Journée Test, je me suis dit que j'allais faire un tour pour moi, où je profite, où je me dis : "voilà, Sarah, tu es sur le circuit des 24 Heures du Mans"."
Sarah Bovy
Associée à Rahel Frey et Michelle Gatting, Sarah Bovy boucle ses premières 24 Heures en neuvième position de la catégorie LMGTE Am : « En course, nous avons connu quelques soucis qui nous ont retardées pendant la nuit, alors que nous aurions pu faire un très beau résultat. J’en suis ressortie avec beaucoup de choses positives, car les ennuis mécaniques font aussi partie de la course et il faut l’accepter, mais je suis très impatiente d’y retourner (rires) ! Le Mans est un défi incroyable et un très beau circuit, mais je m’attendais à ce que ça soit plus dur physiquement et techniquement. En fait, je pense que grâce à ma préparation et à mes copines de l’équipage, tout cela m’a aidée à m’adapter très vite. » Après cette découverte sarthoises, la pilote belge a achevé la saison European Le Mans Series 2021 sur deux podiums de catégorie consécutifs, avant de terminer dans le top 5 LMGTE Am à Sebring et de pointer en tête des LMGTE en début de course lors de l’ouverture de l’ELMS 2022 au Castellet. Un bilan global qui donne de beaux espoirs pour les 24 Heures du Mans. « A Sebring, dès les essais, nous savions qu’il était très difficile d’aller chercher les Aston Martin et les Porsche à la régulière sans soucis de fiabilité de leur côté, se souvient Sarah Bovy. De plus, le fait d’être la première Ferrari classée prouve que la performance d’un équipage féminin n’a rien à envier aux équipages masculins qui pilotent également une Ferrari en LMGTE Am. Nous étions très heureuses de ce résultat et nous savons que nous avons le rythme pour faire des podiums en Championnat du monde, ce que nous espérons réussir d’ici la fin de la saison. Je suis convaincue que nous pouvons y parvenir. »
Jean-Philippe BOYER (ACO)
PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS 2021 - De haut en bas : Sarah Bovy casquée et prête à prendre la piste, au centre en compagnie de ses coéquipières Michelle Gatting (à gauche) et Rahel Frey (à droite), et la Ferrari des Iron Dames.
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