Une plongée dans l’univers sonore des 24 Heures du Mans
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Une plongée dans l’univers sonore des 24 Heures du Mans

Le Mans, là où tout prend sens | Les 24 Heures du Mans constituent un festival de sensations où chaque sens est mis en éveil. Au-delà des images marquantes des voitures en piste, c’est aussi une aventure sonore. Chaque édition est rythmée par des sons qui forment une symphonie unique et inimitable. Embarquez pour un voyage à travers les sons emblématiques qui définissent la course et façonnent son identité.

Dimanche 9 juin 2024, 10 heures, sur le circuit des 24 Heures du Mans. Le moteur Gibson de l’Oreca 07 #37 de Cool Racing vrombi à la sortie de la voie des stands. La LMP2 fait son entrée en piste pour participer à la Journée Test. Autour d’elle, de nombreux fans se sont rassemblés pour apprécier ces premiers grondements qui envahissent le circuit. Ce sont ces rugissements qui ancrent la mémoire des spectateurs et qui marquent chaque édition de la plus grande course d’endurance au monde.

Certaines voitures, au fil des années, se sont imposées comme de véritables icônes sonores. D’emblée, on pense au son du moteur rotatif de la Mazda 787B, victorieuse en 1991. Ce moteur, unique en son genre, produit un bruit aigu et strident, presque semblable à un cri mécanique. Cette voiture issue du Groupe C a laissé une empreinte sonore inoubliable dans l’esprit des spectateurs.

Évoquons maintenant la Porsche 917, gagnante en 1970 et 1971. Son moteur flat-12 développait une puissance brute et dégageait un son rauque et profond. Une intonation gravée dans la mémoire des plus anciens spectateurs. Avec son moteur diesel, l’Audi R10 TDi a brisé la norme en étant bien plus silencieuse que ses concurrentes à essence. Mais son timbre grave et feutré, amplifié par sa puissance, résonne encore dans l’esprit des fans. Ces moteurs incarnent non seulement des technologies de pointe, mais aussi une signature sonore qui distingue chaque ère des 24 Heures du Mans. 

Les pistolets pneumatiques ou la cadence des stands

Dans les stands, un autre son emblématique retentit à chaque ravitaillement : le bruit sec et répétitif des pistolets pneumatiques. Utilisé pour changer les pneumatiques le plus rapidement possible, leur sifflement caractéristique témoigne de la vitesse et de la précision des mécaniciens. Ce bruit mécanique, presque chirurgical, contraste avec le rugissement des moteurs, mais il est tout aussi crucial pour la réussite en course. Le rythme précis des pistolets lors des arrêts donne l’impression d’un ballet bien orchestré, où chaque mouvement est synchronisé. Les fans savent qu’entendre ce son signifie que la bataille se joue aussi en dehors de la piste, et que chaque seconde compte.

Lors d’un changement de pneumatiques, les voitures sont soulevées grâce à des vérins hydrauliques. Ce moment, presque suspendu dans le temps, est suivi d’un bruit particulier et soudain du relâchement des vérins. Ce « pschitt » caractéristique annonce le retour de la voiture en piste.

Les annonces du speaker : la voix de l’instant

Un autre son incontournable des 24 Heures du Mans, bien que moins mécanique, est celui de la voix du speaker officiel, Bruno Vandestick. Tout au long des essais et de la course, il informe les spectateurs des faits de courses, des incidents, ou des performances des pilotes. Sa capacité à capturer l’émotion d’un dépassement ou d’un accident inattendu fait de lui un acteur essentiel de l’expérience sonore des 24 Heures. Son style énergique et passionné, couplé à ses annonces précises, renforce l’immersion du public dans le déroulement de la course.

Comment les sons de la course influencent-ils l’expérience des pilotes ?

Les pilotes des 24 Heures du Mans ne sont pas seulement confrontés à la vitesse et à la fatigue. Ils doivent composer avec un environnement sonore intense qui peut influencer leur concentration et leur ressenti.

Paul-Loup Chatin, pilote de l’Alpine A424 #35 d’Alpine Endurance Team, estime que le bruit constant du moteur fait partie de l’environnement auquel il s’habitue. « Sur une course de 24 heures, lorsque nous enchainons des relais, nous pouvons ressentir un bourdonnement en descendant de la voiture et cela peut générer un mal de tête. En revanche, cela n’a pas d’impact direct sur notre concentration ». Les pilotes sont équipés d’oreillettes qui leur permettent de communiquer avec leur équipe. Elles agissent également comme un isolant face aux bruits parasites. « Lorsqu’une oreillette est mal positionnée et que nous entendons des bruits que nous n’avons pas l’habitude d’entendre, ça peut avoir un impact sur notre concentration. Dans la dernière heure de course, on craint tellement de rencontrer un problème mécanique, qu’on peut entendre des bruits qu’on n’avait jamais remarqué. Alors, nous sommes attentifs à tous les bruits au lieu d’être totalement concentrés sur notre pilotage », ajoute le pilote français.

Les pilotes sont aussi sensibles aux sons spécifiques émis par leur voiture, en particulier lorsqu’il s’agit de détecter d’éventuels problèmes mécaniques. « Parfois, le bruit nous alerte avant même que nous le ressentions dans la conduite », explique celui qui compte dix participations sur la classique mancelle. Cela peut être un atout pour anticiper une panne et éviter une perte de temps critique en course. Néanmoins, si les ingénieurs ne détectent rien sur la télémétrie, les pilotes choisissent souvent de continuer sans s'arrêter pour des bruits suspects.

Enfin, les sons émis par les stands jouent aussi un rôle important dans la synchronisation des pilotes lors des arrêts. « Le son des pistolets de ravitaillement me donne le tempo. Lorsque je les entends, je sais combien de temps il me reste pour bien me sangler. Ce sont des informations que nous n’avons pas besoin de voir. Nous les entendons et ils conditionnent notre retour en piste », souligne Paul-Loup Chatin. Quant au son de l’Alpine A424, il confie : « Nous avons le plus beau son des Hypercars. Je l’aime beaucoup. Le monoturbo ajoute une touche et apporte une belle sonorité. Notre voiture ne fait pas un bruit assourdissant, mais elle délivre une belle sonorité ».

Le vrombissement des voitures, le ballet des ravitaillements, les annonces du speaker, la combinaison de ces éléments forment une symphonie mécanique et humaine qui résonne bien au-delà du circuit. C’est cette orchestration de sons, distincts, mais complémentaires, qui participe à l’identité des 24 Heures du Mans et la rend si mémorable pour les générations de fans.

Rendez-vous du 11 au 15 juin 2025 pour apprécier cette symphonie. Notez que le mercredi 13 novembre prochain, la billetterie de la 93e édition des 24 Heures du Mans ouvrira pour le grand public.

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